La question était simple, pourtant, pas un mot n'était sorti de tes lèvres. Comment en étais tu arrivé ici ? Comment ton point avait fini dans la face de ce monsieur dont tu ignorais presque tout. De cet inconnu qui venait prendre un peu de ton espace vital, qui venait te prendre de ton air sacré, de l'espace que tu rêvais de garder à toi. Parce que ton eden était bien protégé. Les photos de ton fils rangées, les lettres de ton ex-femme sous clef. Rien. Tu ne voulais que rien ne sorte de ta tête, de ton coeur. Tu voulais que tout n'appartienne qu'à toi. u moins, cette partie matérielle, cet amour que tu leurs porte. Parce qu'en parlais, tu le pouvais. En parler, c'était simple, naturel. Tu pensais à eux, à lui, comme tu respirais. Alors tu partageais ce bonheur. Mais il avait fallu que cette chaîne se retrouve entre ses mains. Cette chaîne avec un anneau en argent blanc. Jamais l'idée qu'elle aie pu glissé ne 'a effleuré l'esprit. Non, pour toi, il avait voulu voir, fouiller dans ta vie. Et non simplement te rendre tes affaires.

Tout s'était déroulé vite, bien trop vite. Tu avais ouvert la porte de la cabine pour piquer un somme, et là, tu trouvais cet inconnu, ton bien le plus précieux de ta vie d'époux entre les doigts. Oublié, le fait que tu étais dans une navette spatiale pleine de turbulences, oublié, le fait que tu ne pouvais pas partir en claquant la porte et rentrer chez toi. Il y avait eu,dans tes yeux, cette étincelle, ce petit machin, ce silex qui explose, et ta main droite avait heurté ton visage. D'où ta merveilleuse question : Comment ?

La réponse était simple : Tu es un impulsif. Quand on touche à ta famille, et gare à celui qui dira ex-famille, tu ne réfléchis plus. Tu oublies parfois même que tu es un être humain, fait de chaire et de sang. D'idéaux et de peurs. Alors il y avait quelques tâches de sang sur tes doigts, que tu te dépêchais d'essuyait sur ton jean. Ca se lave, après tout. Et tu n'aimais pas avoir quelque chose d'aussi impur que ce liquide rouge au goût de fer sur tes doigts. Ca te rappelais ta jeunesse, la mauvaise, celle où tu n'avais rien, ou du moins, rien 'important.



Ta voix est à moitié brisée, à moitié trop dure. Et pourtant, tout aurait été tellement plus simple si tu avais commencé par ces trois petits mots, si tu avais ponctué cette petite phrase de cette formule magique que l'on appelle politesse. Et surtout, tout aurait été bien plus simple si ta main n'avait pas heurté son joli minois. Si seulement tu savais réfléchir, quand il s'agit de ta famille.